Edmund Dulac, The Rubaiyat of Omar Khayyam |
Quel homme n’a jamais transgressé Ta Loi, dis ?
Une vie sans péché, quel goût a-t-elle, dis ?
Si Tu punis le mal que j’ai fait par le mal,
Quelle est la différence entre Toi et moi, dis ?
Tu viens de briser ma cruche de vin, Seigneur.
Tu m’as barré la route du plaisir, Seigneur.
Sur le sol Tu as répandu mon vin grenat.
Dieu me pardonne, serais-Tu ivre, Seigneur ?
Rien, ils ne savent rien, ne veulent rien savoir.
Vois-tu ces ignorants, ils dominent le monde.
Si tu n’es pas des leurs, ils t’appellent incroyant.
Néglige-les, Khayyam, suis ton propre chemin.
Est-ce la pauvreté qui m’a conduit vers toi ?
Nul n’est pauvre s’il sait garder ses désirs simples.
Je n’attends rien de toi, sinon d’être honoré,
Si tu sais honorer un homme droit et libre.
De temps à autre un homme se dresse en ce monde,
Etale sa fortune et proclame : c’est moi !
Sa gloire vit l’espace d’un rêve fêlé,
Déjà la mort se dresse et proclame : c’est moi !
Passe le temps béni de ma jeunesse,
Pour oublier je me sers du vin.
Il est amer ? C’est ainsi qu’il me plaît,
Cette amertume est le goût de ma vie.
Goutte d’eau qui tombe et se perd dans la mer,
Grain de poussière qui se fond dans la terre,
Que signifie notre passage en ce monde ?
Un vil insecte a paru, puis disparu.
Tu demandes d’où viens notre souffle de vie.
S’il fallait résumer une trop longue histoire,
Je dirais qu’il surgit du fond de l’océan,
Puis soudain l’océan l’engloutit à nouveau.
Omar Khayyam (1048-1131), Rubayat
[Adaptação de Amin Maalouf, IN Samarcande (1988)]
Quelle est la différence entre Toi et moi, dis ?
Tu viens de briser ma cruche de vin, Seigneur.
Tu m’as barré la route du plaisir, Seigneur.
Sur le sol Tu as répandu mon vin grenat.
Dieu me pardonne, serais-Tu ivre, Seigneur ?
Rien, ils ne savent rien, ne veulent rien savoir.
Vois-tu ces ignorants, ils dominent le monde.
Si tu n’es pas des leurs, ils t’appellent incroyant.
Néglige-les, Khayyam, suis ton propre chemin.
Est-ce la pauvreté qui m’a conduit vers toi ?
Nul n’est pauvre s’il sait garder ses désirs simples.
Je n’attends rien de toi, sinon d’être honoré,
Si tu sais honorer un homme droit et libre.
De temps à autre un homme se dresse en ce monde,
Etale sa fortune et proclame : c’est moi !
Sa gloire vit l’espace d’un rêve fêlé,
Déjà la mort se dresse et proclame : c’est moi !
Passe le temps béni de ma jeunesse,
Pour oublier je me sers du vin.
Il est amer ? C’est ainsi qu’il me plaît,
Cette amertume est le goût de ma vie.
Goutte d’eau qui tombe et se perd dans la mer,
Grain de poussière qui se fond dans la terre,
Que signifie notre passage en ce monde ?
Un vil insecte a paru, puis disparu.
Tu demandes d’où viens notre souffle de vie.
S’il fallait résumer une trop longue histoire,
Je dirais qu’il surgit du fond de l’océan,
Puis soudain l’océan l’engloutit à nouveau.
Omar Khayyam (1048-1131), Rubayat
[Adaptação de Amin Maalouf, IN Samarcande (1988)]
Palavras poderosas! Somos pó e em pó tornaremos a ser... A passagem neste mundo (se outro mundo existe para além deste...) apenas vale pelo que podemos ser: livres e honestos, em suma, seres "humanos" no sentido positivo da palavra...
ResponderEliminarO peso das palavras com quase um milénio de existência e tão atuais com se tivessem sido ditas hoje. Uma tradução soberba, feita por alguém que tão bem sabe medir o peso das palavras. O persa Khayyam e o libanês Maalouf. Dois descrentes no transcendente duma realidade divina porque crentes na imanência dos homens. Um texto fundamental da cultura universal à espera duma tradução digna para português que não nos envergonhe a todos.
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