5 de junho de 2016

Khayyam, Pessoa & Énard...

FLAGRANTE DELITRO
Fernando Pessoa, inspirado por Omar Khayyam,no Abel Pereira da Fonseca de Lisboa
(1929)

Rubaiyat

OMAR KHAYYAM
Je suis allé à la mosquée, j’y ai volé un tapis.
Bien plus tard, je me suis repenti,
Je suis retourné à la mosquée : le tapis était usé,
Il fallait le changer.
………………………………………………......
Verse-moi de ce vin, que je lui dise adieu
Adieu au nectar rose comme tes joues en feu.
Las, mon repentir est aussi droit et sincère
Que l’arabesque des boucles de tes cheveux.
Tu bois du vin, tu es face à la vérité,
Devant les souvenirs de tes jours en allés,
Les saisons de la rose, les amis enivrés.
Dans cette triste coupe, tu bois l’éternité.

FERNANDO PESSOA
La joie suit la douleur, et la douleur la joie.
Nous buvons du vin car c’est fête, parfois
Nous buvons du vin dans la grande douleur.
Mais de l’un ou l’autre vin, il en reste quoi ?
Après les roses, échanson, tu as versé
Le vin dans ma coupe et tu t’es éloigné.
Qui est plus fleur que toi, qui t’es enfui ?
Qui est plus vin que toi, qui t’es refusé ?
………………………………………………
On dit que le bon Khayyam repose
À Nishapour parmi les fragrantes roses
Mais ce n'est pas Khayyam qui gît là-bas,
C'est ici qu'il se trouve, et c'est lui nos roses.

MATHIAS ÉNARD
Sarah me parlait des tavernes de Lisbonne Fernando Pessoa allait boire, entendre de la musique ou de la poésie, et effectivement, elles ressemblaient dans son récit aux meykhané iraniennes, à tel point que Sarah ajoutait ironiquement que Pessoa était un hétéronyme de Khayyam, que le poète le plus occidental et le plus atlantique d’Europe était en réalité un avatar du dieu Khayyam…

Mathias Énard, Bussole (2015 : 73, 326, 328 & 376)

5 comentários:

  1. Une mescle enivré de sentiments après avoir lu les verses d'exaltation au vin, soit bu dans l'occasion de fête, de joie ou de douleur. Une liaison très poétique parmi Pessoa et Khayyam, d'après Énard, auquel tu as bien rassemblé le "Flagrante delitro", où Pessoa est vraiment avec ses "joues en feu"...

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  2. Tous différents mais tous égaux...
    Nous ne pensons pas, mais il fallait le faire... ce serait bien différente notre vie... (Excusez mon français... mais j'avais besoin de le faire, même avec des erreurs). Merci !

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  3. Bonjour,
    est-ce que vous savez du quel poeme de Pessoa sont les vers cités (La joie suit la douleur, et la douleur la joie ...)? Quel est le texte en portugais? Je devrais le trouver a cause d'une traduction.
    Suzana

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    1. Le voilà:
      «Ao goso segue a dôr, e o goso a esta. | Ora o vinho bebemos porque é festa, | Ora o vinho bebemos porque ha dôr. | Mas de um e de outro vinho nada resta.»

      Il s’agit d’un quatrain ecrit dans le style des «rubaïyat» d'Omar Khayyam.
      Voyez : https://www.incm.pt/portal/bo/produtos/anexos/10169420100430164438154.pdf

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    2. Merci beaucoup! C'est d'une grande aide.
      Suzana

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